Elle éveille les sens

D’abord, je cherche à rationaliser : qu’est-ce que c’est ? Où la photo a-t-elle été prise ? C’est un mur ? Un morceau de bois ?

La photographe que j’interroge, ne donne pas de réponse, ou plutôt si, elle répond avec tact : Imagine ce que tu veux.

Un peu démunie, il me faut marcher un peu dans cette salle des fêtes, reconnaître quelques personnes, m’approcher des photographies, reculer, revenir sur mes pas et sentir le moment où l’émotion l’emporte. Lâcher prise et faire confiance en mes sensations, tandis que mes enfants eux, sans complexe, sont déjà en train d’inventer des titres aux photographies…

Oui, je parle bien de sensations tant je pourrais les toucher les photographies : la froideur des pierres, le grain du sable, la rugosité des troncs, l’humidité d’une feuille.

Je pourrais les sentir, je pourrais les entendre : le frémissement d’une feuille, le craquellement d’une branche ou d’une fente dans le mur, le vrombissement d’un morceau de tôle, le courant d’air qui s’engouffre et frôle une peau. Et oui, je pourrais les goûter avec envie, comme le font les bébés désireux de découvrir le monde en mettant à la bouche…

Je suis émue par l’éclat des couleurs et surprise par l’esthétique qui se dégage de ces éléments qui constituent probablement mon environnement et que j’ignore pourtant. La photographe en capte les détails, et leur donne sens, consistance et poésie.

Je me prête au jeu des titres avec mes enfants : le visage d’un vieil homme, le corps fragile d’une danseuse, un paysage brumeux, une peinture abstraite, une envie de baignade, le vol délicat d’un insecte, la souffrance d’un migrant etc

Nous sommes en train mes enfants et moi-même de projeter nos préoccupations, nos rêves, nos envies, et de les partager.

Et au lendemain de cette visite, quelques images imprégnées dans chacune de nos têtes continuent de nous donner envie de nous exprimer, intimement…

INDICIBLE, exposition de Sylvie-Ann Fontaine, Messas, le 17 octobre.